novembre 1999

Les téléphones cellulaires et le risque de cancer du cerveau

1. Joshua Muscat a fait état des résultats de ses recherches sur les téléphones cellulaires et le risque du cancer du cerveau au deuxième colloque sur l'état des sciences parrainé par Wireless Technology Research, en juin 1999. On a recueilli des informations sur les antécédents d'utilisation de téléphones cellulaires et sur la facturation auprès de 466 hommes et femmes atteints d'un cancer du cerveau et de 422 témoins hospitalisés pour d'autres raisons. L'étude n'a laissé constater aucune corrélation entre l'utilisation du téléphone cellulaire et le cancer du cerveau, ni entre le degré de risque et la fréquence ou la durée de l'utilisation du téléphone cellulaire.

Ces résultats n'ont toujours pas fait l'objet de publications approuvées par des pairs.

2. Une étude réalisée en Suède a comparé 209 personnes atteintes de tumeurs cérébrales à un groupe de 425 témoins. L'exposition au téléphone cellulaire et à d'autres sources de radiofréquences a été évaluée à l'aide d'un questionnaire, et d'un suivi téléphonique dans certains cas. Sur l'ensemble des personnes examinées, 78 (37,3 %) des patients atteints d'une tumeur cérébrale et 161 (37,9 %) des participants faisant partie du groupe témoin ont indiqué avoir utilisé un téléphone cellulaire. Les chercheurs n'ont relevé aucune association entre la fréquence des tumeurs cérébrales et l'utilisation du téléphone cellulaire ou entre la fréquence des tumeurs et la durée d'utilisation du téléphone cellulaire.

L'étude a laissé constater un risque " quelque peu accru ", mais non statistiquement significatif, pour les tumeurs des lobes temporal et occipital du cerveau correspondant au côté d'écoute. Ces zones du cerveau sont celles qui sont les plus exposées au rayonnement RF émis par les téléphones cellulaires. Ce risque " quelque peu accru " n'a été observé que pour les utilisateurs du système NMT analogue. Le risque était 2,56 fois plus élevé pour le côté droit, et 2,10 fois plus élevé pour le côté gauche, mais ce calcul n'était fondé que sur sept cas pour le côté droit et cinq cas pour le côté gauche. Les auteurs ont admis que leurs résultats étaient fondés sur un petit nombre de cas et qu'ils devaient être interprétés avec prudence. S'agissant de l'utilisation du téléphone GSM numérique, le temps d'observation était trop court pour permettre de conclure à une tendance nette.

L'étude de Muscat a fait état d'une corrélation faible à modérée entre l'emplacement de la tumeur et le côté de la tête utilisé pour les appels téléphoniques. Toutefois, cette corrélation n'était pas statistiquement significative.

L'étude a relevé 13 cas de névrome acoustique. Chez ces sujets, la fréquence d'utilisation du téléphone cellulaire était inférieure à celle du groupe témoin et un cas seulement souffrait d'une tumeur du côté de la tête utilisé pour les appels téléphoniques.

Comme pour la plupart des études cas-témoin, cette étude avait pour principal inconvénient d'être exposée à un biais de mémoire (les personnes atteintes d'une tumeur cérébrale auraient tendance à se rappeler plus que les autres de leurs utilisations passées d'un téléphone cellulaire). Les auteurs ont indiqué qu'il aurait été souhaitable d'obtenir, auprès des compagnies de téléphone, une validation de l'exposition aux téléphones cellulaires, mais que ces données se sont avérées impossibles à obtenir.

Référence :
Hardell, L., A. Nasman, A. Pahlson, A. Hallquist et K.H. Hansson Mild. " Use of cellular telephones and the risk of brain tumours: A case-control study ", Int. J. Oncol., 1999, vol. 15, p. 113-116.


Nota :
Cette étude fait l'objet d'un autre commentaire publié dans l'édition de juillet/août 1999 de Microwave News. Maria Feychting, de l'Institut Karolinska de Stockholm, soutient que l'étude de Hardell aurait dû inclure un nombre beaucoup plus considérable de cas. Feychting a relevé 862 cas de cancer du cerveau dans la zone d'étude, alors que Hardell n'en a compté que 270. Cette différence pourrait être due en partie au fait que Hardell ne s'est intéressé qu'aux patients toujours vivants, quoique selon l'estimation de Feychting, les deux tiers environ des 862 cas qu'elle a répertoriés auraient dû être toujours vivants.


Examen critique des études épidémiologiques

Elwood propose un examen approfondi des études épidémiologiques de l'exposition aux radiofréquences et du cancer chez les humains. Cet examen porte principalement sur les études publiées de 1988 à juin 1998, et comprend celles où le rayonnement RF constituait la principale source d'exposition.

Quatre groupes d'étude sont passés en revue : concentrations de cas (trois études); populations générales exposées aux émissions produites par la télévision, la radio et d'autres sources similaires (cinq); études de groupes professionnels exposés à de telles émissions (cinq); études cas-témoin (six). Aucune de ces études ne traite spécifiquement de téléphones ou de transmetteurs cellulaires.

Elwood conclut que les données épidémiologiques n'ont ni la qualité ni la cohérence nécessaires pour permettre de conclure raisonnablement que les émissions RF sont une cause vraisemblable d'un ou de plusieurs types de cancers.

Référence :
Elwood, J.M. " A critical review of epidemiologic studies of radiofrequency exposure and human cancer ", Environ. Health Perspect., 1999, vol. 107 (suppl. 1), p. 155-168.


Étude des liens entre les téléphones cellulaires et le cancer


Moulder et ses collaborateurs ont examiné la documentation scientifique portant sur le téléphone cellulaire et les études réalisées sur des animaux ainsi que les études épidémiologiques. Ils considèrent que les données épidémiologiques qui permettraient de lier le rayonnement RF au cancer ne sont ni convaincantes, ni cohérentes, et que les études réalisées en laboratoires ne permettent pas de conclure que le rayonnement RF émis par les téléphones cellulaires a des effets nuisibles sur les gènes ou des effets cancérigènes.

Référence :
Moulder, J.E., L.S. Erdreich, R.S. Malyapa et al. " Cell phones and cancer: what is the evidence for a connection? ", Radiation Research, 1999, vol. 151, p. 513-531.



Les radiofréquences n'ont aucun effet sur le taux des tumeurs du système nerveux central chez les rats

Dans cette étude, les chercheurs ont exposé des rats à un rayonnement dont la fréquence était comprise dans la gamme de celles utilisées pour les téléphones cellulaires. Les animaux expérimentaux ont spontanément développé des tumeurs cérébrales à un rythme accru, mais ils avaient également été exposés à une dose d'éthyl-nitroso-urée, un agent chimique cancérigène, pendant leur vie fœtale. L'exposition intermittente à un champ émis par un téléphone numérique s'est poursuivie pendant 24 mois, et était conçue pour simuler la dose maximale subie dans certaines zones localisées du cerveau par les utilisateurs de téléphones cellulaires. Les animaux expérimentaux ont été comparés à des témoins.

L'étude n'a laissé constater aucune différence, quant à l'apparition de tumeurs, entre le groupe expérimental et le groupe témoin. Les chercheurs ont observé une tendance à l'augmentation de la survie chez les animaux exposés à des micro-ondes. Cette différence était due à une incidence moindre des tumeurs cérébrales dans le groupe exposé. Toutefois, le nombre de sujets intéressés était petit, et les résultats n'étaient pas statistiquement significatifs.

Référence :
Adey W.R., C.B. Byus, C.D. Cain, R.J. Higgins et al. " Spontaneous and nitrosurea-induced primary tumours of the central nervous system in Fischer 344 rats chronically exposed to 836 MHz modulated microwaves ", Radiation Research, 1999, vol. 152, p. 293-302.


Recherches actuelles ou prévues sur des humains

Les recherches en cours comprennent celles énumérées ci-après : National Cancer Institute des États-Unis : Étude cas-témoin portant sur environ 800 cas de tumeurs cérébrales (gliome, névrome acoustique et méningiome), et un groupe approximativement égal de témoins. L'exposition aux téléphones cellulaires sera évaluée à l'aide de questionnaires.

Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) : Cette organisation compte coordonner une étude cas-témoin internationale dans le cadre de laquelle seront examinées une gamme de tumeurs malignes. Les pays participants comprendront vraisemblablement l'Australie, le Canada, le Danemark, la Finlande, la France, Israël, l'Italie, la Suède et le Royaume-Uni. L'évaluation de l'exposition sera fondée sur les registres fournis par les compagnies de téléphones cellulaires.

Danemark : Une étude portant sur une cohorte devrait donner des résultats en 2000. On compare les registres des compagnies de téléphones portant sur la période de 1981-1995 aux informations tirées des registres du cancer et de la mortalité. On relève, au sein des 800 000 cas individuels étudiés, les cas de cancer du cerveau, des glandes salivaires ainsi que de leucémie.

Études en laboratoires sur des humains : De nombreuses études sont prévues ou en cours. Elles chercheront à déterminer si l'exposition aux champs RF dans la gamme des fréquences utilisées par les téléphones cellulaires influe sur des paramètres comme le comportement, les variations hormonales et l'activité du cerveau. Pour en savoir plus sur ces études, consulter le site Web de l'OMS à l'adresse suivante : www.who.int/peh-emf/.

 


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